Traduction française de Why We Should Ship Our Electronic "Waste" to China and Africa, du site internet ''Mother Board''
http://motherboard.vice.com/2011/3/31/why-we-should-ship-our-electronic-waste-to-china-and-africa
Il y a environ dix ans, une petite ONG de Seattle a filmé la gestion non industrialisée des résidus des e-déchets à Guiyu, en Chine. Quelques années Plus tard, la chaîne de télévision CBS, a suivi cette ONG pour effectuer un reportage, 60 Minutes. Ils ont alors raconté l'histoire d'humains desesperés travaillant parmis ces résidus toxiques et cette camelote ou ces rebus électroniques, ce qui contamine les rivières et condamnent les enfants.
Les médias se sont alors intéressés à ce sujet, à ce moment j'étais reconnaissant envers cette organisation pour avoir sensibiliser le public sur le secteur du recyclage des équipements électroniques. Un trop grand nombre de recycleurs des ''E-déchets'' exportait dans le but de se débarasser des éléments toxiques à la place de chargement légitime sous la Convention de Bâle pour réparation, réutilisation et recyclage des résidus.
Etant un ancien bénévole pour les Corps de la Paix au Cameroon et un ancien régulateur de l'EPA, je me suis spécialisé dans le domaine du recyclage et de la valorisation des équipements électroniques pour donner aux ''Geeks of Color'' plus de choix et donc plus de compétitivité soit des produits de meilleure qualité. J'espère créer un Commerce Equitable de l'Electronique, pour mettre en avant et remunérer correctement les importateurs. La notion de ''Geeks of Color'' correspond aux techniciens, aux réparateurs qui valorisent les déchets électroniques à travers le monde.
Je suis pour l'exportation des ''E-déchets'' dans le cadre d'un commerce équitable. Il semble que l'organisation contre les exportations se soit embourbée et ne puisse faire évoluer sa pensée. Les photos d'enfants chinois ou africains cherchent à culpabiliser les ''blancs''. Les chinois affamés, la culpabilité sur nos déchets électroniques, les effets néfastes sur l'environnement, la pollution : soit pour résumer, l'exportation de déchets électroniques est un acte immoral.
Le boycottage n'est pas une solution d'après moi. J'étais sceptique des orientations que cette ONG prenait. Mes amis, des ''Geeks of Colors'', des ingénieurs, d'Indonésie, de Chine, de Malysie, de Singapour, de Thaïlande, d'Egypte, du Sénégal, du Mexique, du Péru, du Burkina Faso, du Ghana, etc. m'ont expliqué comment la pacotille toxique s'est retrouvée chez eux. Ils payent pour importer du matériel électronique. Ils n'aiment pas recevoir un mélange de déchets dans leurs conteneurs. Ils n'aiment pas non plus être décrits comme des entrepreneurs primitifs. Ce ''racisme accidentel'' a créé un contre sens.
Les mauvais mensonges
Les économistes travaillant sur l'exportation des ''e-déchets'' n'ont jamais utilisé les données émanant de cette ONG tel que ''80%'' des équipements électroniques d'ocassion exportés sont des produits indésirables. Elle souligne, l'exportation vers les pays émergents est rentabilisée par le coût peu élevé d'élimination des ''e-déchets''. Il est vrai que les standars ou les normes environnementales peuvent être vagues et imprécis, tout comme elles le sont pour l'extraction minière (la seule alternative au recyclage). Les pauvres, les habitants des pays émergents n'ont aucun n'intérêt à mettre leur argent en commun pour acheter des produits indésirables ou de la camelote...
Après avoir approfondi le sujet, je me suis rendu compte du mensonge : la donnée 80% des exportations... a été créée de toute pièce. Aucune donnée appuie cela, mais plutôt le contraire!! Cette donnée erronée a pourtant été utilisée maintes fois dans différente publication, avec la même source qui était fausse! Lutter contre l'exportation de substances toxiques ou de déchets non réparables est loyal mais défendre cela avec trop de passion en utilisant de fausses données ne l'est pas.
En Asie, de nombreuses usines sont dédiées à la réparation et à la remise en état d'équipements électroniques d'ocassion. Ces usines achètent des unités centrales d'ocassion, qui aux Etats-Unis serait broyées en guise de valorisation, et ... remplacent ou réparent les condensateurs. Soit exactement ce que faisait les américains dans les années 60' avec les condensateurs des télévisions. Des sites internet de réparation, Silicon Sam’s repairfaq.org ou ifixit.org, expliquent comment ces réparations peuvent être faites. J'ai visité certaines entreprises chinoises qui remettent en état les ''déchets'' américains, ce qui est décrit dans l'article The Battle for China’s Good Enough Market de Harvard Business Review. Selon l'auteur de cet article, ''Good Enough Market'' correspond au produit de bonne qualité produit par des entreprises locales pour des consommateurs ayant des salaires moyens. Ce marché en pleine expension s'oppose au ''Premium'' ou ''Narrow market'' qui est destiné aux plus riches. La plupart des entreprises du ''Good Enough Market'' ont été des ''sous-traitants'' pour des entreprises comme Foxconn. Foxconn est un sous-traitant de firmes comme Dell, Compaq, HP, IBM ou Apple.
Les écrans à tube cathodique, les unités centrales, les télévisions... sont exportés d'ocassion aux ''Geeks of Color'' 5$ pièce contre 110$ neuf. Le marché de bien d'ocassion est donc extrêmement compétitif. Une vieille télé américaine de 5 à 10 ans peut être mise à jour et revendue. Les marques d'équipement électronique n'aiment pas être mises en compétition avec leurs propres produits d'ocassion. Cela blesse également le plus gros actionnaire mondial des écrans à tube cathodique neufs : le parti communiste chinois.
Les Chinois ont essayé de ''s'accaparer'' du marché des tubes cathodiques à peu près au même moment où le scandale de Guiyu faisait les gros titres. Ils ont acheté des fonderies comme Techneglas, Corning et Thomson. Le gouvernement chinois s'est un peu trompé de cible, car au même moment le marché d'écrans LCD et de plasmas a décollés. Cependant, le marché des tubes cathodiques neufs reste signifiant; les consommateurs des pays pauvres ont un pouvoir d'achat sur ce type de produit.
En 2002, le gouvernement chinois a essayé d'interdir le marché des biens d'ocassion, en définisant la remise en état des tubes cathodiques comme du ''dumping''. Ces produits sont importables en tant que matière brute, c'est à dire s'ils sont cassés et donc non revendables.
L' organisme de surveillance (la petite ONG) a mal interprêté cette interdiction de ''dumping'' comme une application des lois environnementales. Le gouvernement chinois a saisi l'ocassion pour donner à cette interdiction le statut de loi environnementale. Cependant l'offre et la demande sont toujours existantes. Le marché s'est donc délocalisé vers d'autres pays asiatiques du Sud-Est. Certaines entreprises sont restées en Chine, jouant au chat et à la souris avec les douanes qui sont de vraies girouettes.
Commercez équitablement
Les bonnes entreprises de recyclage américaines devraient exporter plus de produits, au moins aux entreprises légales, afin d'offrir plus de choix aux acheteurs (demande) soit aux ''Geeks of Color''. Cela améliorerait la balance commerciale des Etats-Unis, aurait éliminé les ''recycleurs de la honte'' et aurait eu un effet levier sur les normes des entreprises. Cela aurait pu mettre hors-jeu les exportateurs peu scrupuleux qui refusent de trier leurs produits avant d'exporter.
Les écologistes américains ont fait le contraire. Les meilleures entreprises de reyclage refusent d'exporter. Les importateurs n'ont alors pas le choix, soit ils achètent un chargement douteux d'exportateur frauduleux soit ils restent pieds nus et enceinte dans l'ère du numérique, mes amis ''Geeks of Color'' ont choisi de rester dans les affaires. Les images simplistes d'africains pieds nus brûlant des cables électriques ont fait les gros titres aux Etats-Unis. Avec le passage en force de la loi sur les e-déchets comme le SBS20, la Californie évolua du 1er exportateur de tubes cathodiques d'ocassion en géant du broyage, utilisant les dollars du contribuables pour mettre en miette des équipements électroniques encore en état de marche. En conséquence, le coût du recyclage d'un écran dans le New Jersey chuta dramaticallement. La mafia s'empara du marché, la demande était toujours présente mais l'offre moins abondante vu que la Californie n'exportait plus. La mafia s'empressa donc d'exporter sous ses conditions, la qualité des exportations a donc diminuée, plus de camelote ou de rebus ont été exporté. L'organisme de surveillance (la petite ONG) utilisa ces exemples de mauvaises exportations pour supporter ses idées : les exportations doivent être interdites car n'importe quoi est exporté... La dégradation de la qualité des exportations est pourtant la conséquence de l'absence des exportations californiennes!
En plus des alliances contre le marché gris (part du marché d’un produit qui n’est pas contrôlée par le fabricant), les intérêts de l'obsolescence planifiée des produits, le parti communiste chinois et la culpabilité des blancs, l'organisme de surveillance a un nouvel allié. Ce nouvel allié correspond à l'industrie du broyage créée pour hacher tous les équipements que les ''Geeks'' ne peuvent plus acheter de la Californie. Des millions de dollars ont été investis dans des équipements (broyeurs) qui broient les produits exportables. Ces investisseurs payent l'organisme de surveillance pour étouffer la compétition et être reconnus comme utilisant les ''meilleures technologies disponibles''. Cela est du gâchis : gaspillage de métaux rares, de pièces réutilisables, et non respect de la hiérarchie des 3R (Réduire, Réutiliser, Recycler).
L'exemple le plus hilarant de cette campagne stupide est peut-être l'émission de 60 minutes consacrée à l'exportation des e-déchets en Chine. CBS est à Hong Kong entouré d'écrans d'ordinateur, puis suit leur piste jusqu'à Guiyu, où il n'y a pas un seul écran. Sur le chemin, ils ont passé devant des entreprises de remise en état d'équipements électroniques, j'ai transmis à CBS des films présentant ces entreprises, on ne les voit pas dans ce documentaire! Dans la région de Shenzhen (où les Iphone, Android et Ipad sont fabriqués), ils ont trouvé un bassin d'eau polluée. Rien de tel pour critiquer le recyclage, mais cette pollution ne vient pas des activités du recyclage. Dans un petit garage, un recycleur travaille, il est décrit comme utilisant les meilleures techniques de recyclage selon Scott Pelley : ce qu' il nomme un ''mignon petit atelier''. Cet atelier est tout à fait décent mais ne représente pas les industries de pointe asiatiques.
Dommage, ils n'ont pas compris qu'il n'y avait pas d'écrans d'ordinateurs là-bas, ou que la plupart des rebuts ne viennent pas des Etats-Unis mais de la croissance d'Hong Kong, de Shenzhen ou de Guangzhou. C'est un peu comme visiter un zoo et de ne parler que du caniche d'un visiteur!
Qu'est-ce qui nous arrive? Tout d'abord, les ''Geeks of Color'' sont en train de se moderniser. Ils sont obligés d'acheter de la camelote, à défaut de produit de bonne qualité. Ils recyclent et valorisent cette camelote provenant de recycleur frauduleux. Cela leur permet de gagner de l'argent.
Les Nations Unies, l'EPA, Interpol ont découvert un autre secret : la Chine, la Malaysie, Singapour, l'Indonésie, etc. produisent plus d'E-déchets que nous. La plupart des rebus de Guiyu ne provient pas d'importation. A propos, les travailleurs qui démontent les équipements électroniques gagnent souvent plus qu'un thésard, selon Adam Minter de Shanghai Scrap.
Les américains, cependant, sont en train de broyer des biens durables, ce qui équivaut à un manque à gagner de milliards de dollards, pour protéger les intérêts des producteurs qui sont essentiellement le Japon, Taïwan ou la Corée. La solution la plus respectueuse de l'environnement est la réutilisation avant le broyage. Les émissions de dioxide de carbone pour fabriquer un ordinateur sont plus importantes que celle du reste de sa durée de vie.
Les autres victimes
Après l'environnement, l'Afrique est probablement la plus grande victime. Les pays africains doivent payer plus cher pour les équipements remis en état vu que l'offre est faible. On ne veut pas que ces pays se développent et aient leur propre industrie de remise en état. L'Afrique a donc moins de possibilités de suivre le chemin des ''Geeks'' et des bricoleurs du Japon, de Chine, de Corée, de Taïwan et d'autres tigres asiatiques. L'histoire moderne illustre que ces pays ont gravi les échelons grâce aux ventes de produits d'ocassion, aux réparations puis grâce aux contrats d'assemblage et enfin la fabrication d'équipement.
Ma plus grosse livraison saisie a été à Alexandrie, c'était des Pentium 4, étrangement au même moment où Mubarak essayait de limiter l'accès à internet. Plus tard il a échoué, l'importation d'ordinateurs d'ocassion a aidé les ''Geeks'' à faire tomber le système.
Les groupes s'opossant aux exportations peuvent avoir raison sur une chose... c'est peut-être qu'une histoire d'argent. Les millions de dollars recollectés en publiant des photos d'enfants jouant dans des décharges sauvages avec des résidus servent à entretenir la petite ONG et les entreprises spécialisées dans le broyage. Et nous pensons encore que les personnes colorées sont primitives... Walt Pogo déclarait en 1970, lors du premier ''Earth Day'', ''Nous avons rencontrés l'ennemi, c'est nous''.
Robin I. est le fondateur d'American Retroworks Inc., une entreprise pour le recyclage éthique de l'électronique, le directeur de l'association WR3A (WR3A.org). Son blog est Good Point Ideas, vous trouverez quelques traduction en français sur le blog Recyclage Ethique de l'Electronique.
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