Tuesday, March 20, 2012

Opinion de Maitre Somda sur l’importation des matériels électroniques usagés par les pays qui ne sont pas membres de l'OCDE


Différents rapports produits par des organismes d’États industrialisés tentent de démontrer que les matériels informatiques de secondes mains importés dans les pays non membres de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique (OCDE), ne seraient d’aucune utilité pour les populations. Ils seraient inutilisables et contribueraient à polluer l’environnement.
Pour convaincre l’opinion publique de leurs allégations, ils ont joint à leurs différents rapports des photos de décharges sauvages montrant des dizaines d’ordinateurs désaffectés en prenant soin de faire figurer sur ces photos, des enfants aux alentours, pour attester du danger que courent ces derniers en flânant dans ces endroits pollués par la présence de matériels électroniques importés.
Cependant un récent rapport de la Convention de Bâle '' Where are WEEE in Africa '' démontre que les déchets électroniques de ces décharges exhibés dans différents rapports, datent d’au moins d’une dizaine d’années et qu’ils ne proviennent pas des matériels électroniques importés ces dernières années...
Le rapport de la Convention de Bâle précise que 50-85% du matériel importé est réutilisé, soit 15% à 50% seulement ne sont pas fonctionnels et pourraient l’être une fois recyclé. Les activités autours de ces matériels procurent des revenus substantiels à une multitude gens.
Je suis heureux de constater que la Convention de Bâle s’intéresse à ce problème et a pu se faire une idée de ce qui se passe réellement sur le terrain sans se laisser berner par les spécialistes de la désinformation et de la manipulation des opinions à des fins de concurrence commerciale.
Ce rapport me rassure et rassure surtout ceux qui vivent loyalement des revenus générés par les activités de recyclage et qui contribuent en même temps à la sauvegarde de notre bien à tous qu’est l’environnement.
À la lecture des différents rapports qui décrivent l’importation des matériels informatiques d’ocassion dans les pays en voie de développement, comme une activité non profitable mais plutôt dangereuse pour les populations, on peut faire les observations suivantes :
  • Si ces matériels usagés si prisés par les populations ne leur étaient pas utiles, pourquoi allaient-elles continuer de les acheter et d’en faire usage? Peut-on importer indéfiniment des marchandises qui ne trouvent pas de preneur?
On ne peut mobiliser les gens librement que sur la base de leurs intérêts dit-on!
  • Les rapports qui incriminent la qualité des matériels usagés importés dans les pays qui ne sont pas menbres de l'OCDE ont été faits dans l’intérêt de qui, des pays concernés ou de leurs commanditaires c’est-à-dire les sociétés industrielles des États membres de l' OCDE qui veulent vendre les produits neufs?
  • Ces rapports incendiaires ont pour but d’amener les Gouvernements des pays en voie de développement à interdire l’importation des matériels usagés et à libérer les marchés pour les fabriquants.
  • L’interdiction de l’importation de ces matériels ralentirait l’accès à l’outil informatique pour un nombre considérable de gens et les priverait de revenus substantiels.
  • Dans les pays qui importent les matériels informatiques d’occasion, il se développe un savoir faire très adapté à l’entretien de ces matériels, vérifiable sur le terrain. Le cas du Ghana que je connais le mieux est très illustratif; ce pays regorge de techniciens très compétents qui s’adaptent aux nouvelles situations qui se présentent.
  • Beaucoup d’importateurs et d’exportateurs sont très qualifiés dans le domaine électronique et font du travail de qualité ; je citerai deux cas pour exemple : le cas de Good Point Recycling à Middlebury, dans l’État du Vermont aux États- Unis et celui de monsieur Souleymane Sao.
    1. Good Point Recycling est une entreprise spécialisée dans le recyclage des matériels électroniques, particulièrement les ordinateurs qu'elle recycle et exporte. J’y ai fait un stage de quelques mois et ai pu constater la minutie avec laquelle les matériels à exporter sont expertisés. Tout matériel qui ne répondait pas aux normes de qualité pour l’exportation était soumis au démontage afin de récupérer les composantes utiles qui seront réutilisées, les déchets étant mis de côté puis acheminés dans des usines spécialisées pour être recyclés. J’ai personnellement démonté des centaines d’ordinateurs impropres à la consommation et à l’exportation. 
    2. Monsieur Souleymane Sao est un ingenieur qui importait des déchets électroniques au Sénégal. Lors de mon stage à Good Point Recycling , il était venu par deux fois pour acheter des ordinateurs usagés, j’ai pu constater qu’il mettait un temps fou pour contrôler avec ses propres appareils, la qualité de tous les matériels avant leur exportation ; cependant, dans un des rapports d'Interpol, il a été traité avec d’autres importateurs de ''criminels qui déversent sciemment des produits polluants en Afrique''. Monsieur Souleymane Sao ne mérite pas un tel traitement!
Le besoin en équipements électroniques et particulièrement informatiques est manifeste dans les pays en voie de développement avec la multiplication des universités, des établissements secondaires et primaires. Les femmes et les hommes d’affaires de quelque niveau que ce soit veulent accéder à l'outil informatique et beaucoup de ménages également. Tout le monde n’a pas les moyens de se procurer du matériel neuf. Au lieu que les utilisateurs des pays développés les jettent pour se procurer des produits de dernier cri parce qu’ils veulent être à la mode et au lieu que les industriels, pour des raisons de concurrence, en produisent de plus en plus performants, il est utile de favoriser le réutilisation en exportant ceux qui sont usagés mais en bon état dans les pays à faibles revenus.
Il est souhaitable que les Gouvernements des Etats qui ne sont pas membres de l'OCDE, l'ONU et les entreprises de recyclage conjuguent leurs efforts pour promouvoir la réutilisation ce qui aura pour avantage de limiter la pollution, de doter à moindre coût les institutions comme les universités, les établissements secondaires et primaires de ces matériels devenus essentiels pour l’éducation.
Maitre_somda@yahoo.fr

Thursday, March 15, 2012

Le test du recyclage du verre des tubes cathodiques



Des milliers d'américains veulent valoriser leurs vieux ordinateurs et télévisions. Certaines entreprises ont malheureusement abusé de notre confiance. De nombreuses télévisions ou ordinateurs destinés au recyclage ont été abandonnés sur des rivages de pays en développement.

Un tube cathodique qui ne fonctionne pas, contenant du plomb, n'a pas plus de valeur dans un pays en particulier. Les lois internationales sont durs à faire respecter car se débarasser de ces vieux écrans dans des pays étrangers permet d'économiser de l'argent. Les ''grossistes'' exportent des unités centrales, des résidus de cuivre, des écrans en état de marche, et se débarassent des déchets toxiques sans se préoccuper des conséquences environnementales.
La valeur d'un collier de déviation en cuivre peut correpondre à la valeur d'une demi-heure de travail en Asie. Certains importateurs acceptent tous les écrans, récupèrent le cuivre et jettent le verre du tube cathodique contenant du plomb dans des rivières. De façon rudimentaire, des recycleurs cherchent à récupérer l'or en trempant les circuits imprimés dans des bains d'acide. Des images horribles sur le site web de Basel Action Network ont mis en péril l'image du recyclage.

Comment un consommateur, une entreprise, ou une agence gouvernementale peuvent savoir ce que deviennent les tubes cathodiques destinés au ''recyclage''? Les numéros d'identification de l'EPA, les certificats, les partenariats commerciaux.... peuvent être inexactes ou mensongères.

Il existe un test mathématique pour découvrir si votre recycleur est un bon recycleur.
A gauche : une femme à Guiyu, Chine, qui casse un collier de déviation en cuivre (photo Basel Action Network)
Au milieu : une décharge de tubes cathodiques à Guiyu, Chine (photo Basel Action Network)
A droite : des résidus de cuivre de haute qualité, forte demande, qui explique les exportations frauduleuses avec des conséquences environnementales négatives

Le test du verre des tubes cathodiques
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Taux de recyclage des tubes cathodiques : les tubes cathodiques ne sont pas constitués d'acier, mais plutôt d'une mixture complexe de plomb, de barium et de silice. Il existe très peu de fonderies de verre ou de plomb adaptées au recyclage des tubes cathodiques, on peut donc se demander où va ce verre spécifique. Quelques questions rudimentaires peuvent nous donner une bon aperçu de ce que fait l'entreprise de recyclage.

''Sur votre tonnage total, combien de verre de tubes cathodiques irréparables est recyclé? Qu'en faites-vous?''
Le tube cathodique représente environ 42% du poids d'une télévision ou d'un écran d'ordinateur. Les entreprises de recyclage légales peuvent avoir un pourcentage de recyclage et de réparation différent. Certaines peuvent accepter par exemple que des écrans à tube cathodique réparables, le taux de recyclage pourra alors être inférieur à 25%.

Cependant personne ne peut réparer 100% des vieilles télévisions et des écrans d'ordinateur. Un recycleur légitime peut rapidement vous présentez ses documents qui illustrent combien d'écrans à tube cathodique sont recyclés nationalement ou par un pays membre de l'OCDE.
Les ''grossistes'' qui exportent, acceptent les tubes cathodiques endommagés à faible prix. Certains ne peuvent pas montrer de document montrant un recyclage adéquate du verre des tubes cathodiques... Ces derniers seront exportés, et pollueront.

Beaucoup d'écrans et la plupart des télévisions sont destinés au reyclage car ils ne valent pas le prix de la réparation. Les consommateurs devraient savoir ce qu'ils payent pour le recyclage du verre des tubes cathodiques, sans cacher la valeur des résidus métalliques.

Si votre vendeur/recycleur refuse de vous transmettre le taux de recyclage du verre des tubes, vous pouvez vous inquiétez. Qu'est ce qui se passe si le chargement est inspecté et considéré dangereux? L'EPA peut vous tenir responsible. Vous avez le droit de vérifier la destination de votre écran à tube cathodique. Ces questions faciles nous aident à être vigilent.
Question 1. Combien de kg de télévisions et d'ordinateurs avez vous collecté l'an dernier?
Question 2. Combien de kg de verre avez vous recyclé? Où?
= Réponse 2 divisé par la réponse 1 = Taux de recyclage des écrans à tube cathodique

SVP continuez à recycler. Le recyclage permet de valoriser des métaux rares destinés à l'enfouissement, économise de l'énergie et évite d'extraire des métaux. L'extraction minière produit 47% des substances toxiques émises par toutes les activités industrielles américaines, cela est pire en Asie. Cependant lorsqu'on recycle, il faut être vigilant.

Monday, March 12, 2012

Good Point Recycling en quelques mots


Good Point Recycling applique les principes développés par WR3A, soit le principe du recyclage éthique des équipements électroniques.

GPR s'engage :
- A exporter des produits de qualité 
- A recycler aux Etats-Unis le matériel déffecteux  
- Si du matériel arrive en mauvais état, elle indemnise un recyclage adéquat 
- Importateur et exportateur travaille ensemble (partenariat gagnant-gagnant) 
- A fournir une traçabilité dans ses achats et ses ventes


Collecte des déchets :
Dans plus de 10 Etats à travers les Etats-Unis,  et au Québec.
Collecte des déchets - Crystal
Tri: réutilisable VS recyclable
  • Les réutilisables - en bon état, réparables, remis en état
  • Les recyclables - âbimés, raillés, fissurés, modèles trop anciens, alimentations coupées
  • Les produits vintage, produits rares ou en faible quantité - vente sur Ebay


Les équipements réutilisables sont exportés vers des pays émergents, environ 2$ la pièce. Cette solution est probablement, la plus respectueuse de l'environnement. Les écrans seront alors réutilisés, après réparation et mise à jour si nécessaire. Les écrans en mauvais états ne sont pas exportés, ils sont recyclés aux Etats-Unis. GPR n'exporte pas de la camelote et s'adapte aux besoins de l'acheteur. Lors de l'acheminement de la marchandise, c ertaines unités centrales peuvent se casser ou s' âbimer. Dans ce cas, GPR indemnise convenablement l'acheteur pour qu'il recycle ces déchets de façon appropriée. Cette solution d'indemnisation permet d'augmenter la transparence par le suivi du matériel à recycler
A gauche tube cathodique remis en état, au milieu tubes cathodiques testés, à droite réparation des circuits imprimé
Démontage manuel pour séparer les différents résidus



Les équipements trop vieux ou cassés ne sont pas revendus tel quel, ils sont démontés au Vermont, les résidus sont alors vendus au poids (plastique, cuivre, circuit imprimé, aluminium...). Ces matériaux seront alors utilisés/recyclés pour créer des matières secondaires.




Vente sur Ebay - Christina








Les produits vintage ou certains produits rares sont vendus sur Ebay. Les  ventes sur Ebay représente une faible part de la marchandise mais permet d'obtenir une forte valeur ajoutée.






En 2010, Good Point Recycling a collecté environ 2 millions kg de déchets électroniques en 2010, environ 2/3 ont été recyclé aux Etats-Unis et 30% ont été exporté vers ses partenaires (Sénégal, Indonésie, Ghana, Mexique, etc.) pour réutilisation. Les ventes sur Ebay représentent une faible part de la marchandise.

Monday, March 5, 2012

Pourquoi nous devons exporter nos ''déchets'' électroniques en Chine ou en Afrique?


Traduction française de Why We Should Ship Our Electronic "Waste" to China and Africa, du site internet ''Mother Board''
http://motherboard.vice.com/2011/3/31/why-we-should-ship-our-electronic-waste-to-china-and-africa

Il y a environ dix ans, une petite ONG de Seattle a filmé la gestion non industrialisée des résidus des e-déchets à Guiyu, en Chine. Quelques années Plus tard, la chaîne de télévision CBS, a suivi cette ONG pour effectuer un reportage, 60 Minutes. Ils ont alors raconté l'histoire d'humains desesperés travaillant parmis ces résidus toxiques et cette camelote ou ces rebus électroniques, ce qui contamine les rivières et condamnent les enfants.

Les médias se sont alors intéressés à ce sujet, à ce moment j'étais reconnaissant envers cette organisation pour avoir sensibiliser le public sur le secteur du recyclage des équipements électroniques. Un trop grand nombre de recycleurs d
es ''E-déchets'' exportait dans le but de se débarasser des éléments toxiques à la place de chargement légitime sous la Convention de Bâle pour réparation, réutilisation et recyclage des résidus.

Etant un ancien bénévole pour les Corps de la Paix au Cameroon et un ancien régulateur de l'EPA, je me suis spécialisé dans le d
omaine du recyclage et de la valorisation des équipements électroniques pour donner aux ''Geeks of Color'' plus de choix et donc plus de compétitivité soit des produits de meilleure qualité. J'espère créer un Commerce Equitable de l'Electronique, pour mettre en avant et remunérer correctement les importateurs. La notion de ''Geeks of Color'' correspond aux techniciens, aux réparateurs qui valorisent les déchets électroniques à travers le monde.

Je suis pour l'exportation des ''E-déchets'' dans le cadre d'un commerce équitable. Il semble que l'organisation contre les exportations se soit embourbée et ne puisse faire évoluer sa pensée. Les photos d'enfants chinois ou africains cherchent à culpabiliser les ''blancs''. Les chinois affamés, la culpabilité sur nos déchets électroniques, les effets néfastes sur l'environnement, la pollution : soit pour résumer, l'exportation de déchets électroniques e
st un acte immoral.

Le boycottage n'est pas une solution d'après moi. J'étais sceptique des orientations que cette ONG prenait. Mes amis, des ''Geeks of Colors'', des ingénieurs, d'Indonésie, de Chine, de Malysie, de Singapour, de Thaïlande, d'Egypte, du Sénégal, du Mexique, du Péru, du Burkina Faso, du Ghana, etc. m'ont expliqué comment la pacotille toxique s'est retrouvée chez eux. Ils payent pour importer du matériel électronique. Ils n'aiment pas recevoir un mélange de déchets dans leurs conteneurs. Ils n'aiment pas non plus être décrits comme des entrepreneurs primitifs. Ce ''racisme accidentel'' a créé un contre sens.


Les mauvais mensonges

Les économistes travaillant sur l'exportation des ''e-déchets'' n'ont jamais utilisé les données émanant de cette ONG tel que ''80%'' des équipements électroniques d'ocassion exportés sont des produits indésirables. Elle souligne, l'exportation vers les pays émergents est rentabilisée par le coût peu élevé d'élimination des ''e-déchets''. Il est vrai que les standars ou les normes environnementales peuvent être vagues et imprécis, tout comme elles le sont pour l'extraction minière (la seule alternative au recyclage). Les pauvres, les habitants des pays émergents n'ont aucun n'intérêt à mettre leur argent en commun pour acheter des produits indésirables ou de la camelote...


Après avoir approfondi le sujet, je me suis rendu compte du mensonge : la donnée 80% des exportations... a été créée de toute pièce. Aucune donnée appuie cela, mais plutôt le contraire!! Cette donnée erronée a pourtant été utilisée maintes fois dans différente publication, avec la même source qui était fausse! Lutter contre l'exportation de substances toxiques ou de déchets non réparables est loyal mais défendre cela avec trop de passion en utilisant de fausses données ne l'est pas.

En Asie, de nombreuses usines sont dédiées à la réparation et à la remise en état d'équipements électroniques d'ocassion. Ces usines achètent des unités centrales d'ocassion, qui aux Etats-Unis serait broyées en guise de valorisation, et ... remplacent ou réparent les condensateurs. Soit exactement ce que faisait les américains dans les années 60' avec les condensateurs des télévisions. Des sites internet de réparation, Silicon Sam’s repairfaq.org ou ifixit.org, expliquent comment ces réparations peuvent être faites. J'ai visité certaines entreprises chinoises qui remettent en état les ''déchets'' américains, ce qui est décrit dans l'article The Battle for China’s Good Enough Market de Harvard Business Review. Selon l'auteur de cet article, ''Good Enough Market'' correspond au produit de bonne qualité produit par des entreprises locales pour des consommateurs ayant des salaires moyens. Ce marché en pleine expension s'oppose au ''Premium'' ou ''Narrow market'' qui est destiné aux plus riches. La plupart des entreprises du ''Good Enough Market'' ont été des ''sous-traitants'' pour des entreprises comme Foxconn. Foxconn est un sous-traitant de firmes comme Dell, Compaq, HP, IBM ou Apple.

Les écrans à tube cathodique, les unités centrales, les télévisions... sont exportés d'ocassion aux ''Geeks of Color'' 5$ pièce contre 110$ neuf. Le marché de bien d'ocassion est donc extrêmement compétitif. Une vieille télé américaine de 5 à 10 ans peut être mise à jour et revendue. Les marques d'équipement électronique n'aiment pas être mises en compétition avec leurs propres produits d'ocassion. Cela blesse également le plus gros actionnaire mondial des écrans à tube cathodique neufs : le parti communiste chinois.

Les Chinois ont essayé de ''s'accaparer'' du marché des tubes cathodiques à peu près au même moment où le scandale de Guiyu faisait les gros titres. Ils ont acheté des fonderies comme Techneglas, Corning et Thomson. Le gouvernement chinois s'est un peu trompé de cible, car au même moment le marché d'écrans LCD et de plasmas a décollés. Cependant, le marché des tubes cathodiques neufs reste signifiant; les consommateurs des pays pauvres ont un pouvoir d'achat sur ce type de produit.

En 2002, le gouvernement chinois a essayé d'interdir le marché des biens d'ocassion, en définisant la remise en état des tubes cathodiques comme du ''dumping''. Ces produits sont importables en tant que matière brute, c'est à dire s'ils sont cassés et donc non revendables.

L' organisme de surveillance (la petite ONG) a mal interprêté cette interdiction de ''dumping'' comme une application des lois environnementales. Le gouvernement chinois a saisi l'ocassion pour donner à cette interdiction le statut de loi environnementale. Cependant l'offre et la demande sont toujours existantes. Le marché s'est donc délocalisé vers d'autres pays asiatiques du Sud-Est. Certaines entreprises sont restées en Chine, jouant au chat et à la souris avec les douanes qui sont de vraies girouettes.


Commercez équitablement

Les bonnes entreprises de recyclage américaines devraient exporter plus de produits, au moins aux entreprises légales, afin d'offrir plus de choix aux acheteurs (demande) soit aux ''Geeks of Color''. Cela améliorerait la balance commerciale des Etats-Unis, aurait éliminé les ''recycleurs de la honte'' et aurait eu un effet levier sur les normes des entreprises. Cela aurait pu mettre hors-jeu les exportateurs peu scrupuleux qui refusent de trier leurs produits avant d'exporter.

Les écologistes américains ont fait le contraire. Les meilleures entreprises de reyclage refusent d'exporter. Les importateurs n'ont alors pas le choix, soit ils achètent un chargement douteux d'exportateur frauduleux soit ils restent pieds nus et enceinte dans l'ère du numérique, mes amis ''Geeks of Color'' ont choisi de rester dans les affaires. Les images simplistes d'africains pieds nus brûlant des cables électriques ont fait les gros titres aux Etats-Unis. Avec le passage en force de la loi sur les e-déchets comme le SBS20, la Californie évolua du 1er exportateur de tubes cathodiques d'ocassion en géant du broyage, utilisant les dollars du contribuables pour mettre en miette des équipements électroniques encore en état de marche. En conséquence, le coût du recyclage d'un écran dans le New Jersey chuta dramaticallement. La mafia s'empara du marché, la demande était toujours présente mais l'offre moins abondante vu que la Californie n'exportait plus. La mafia s'empressa donc d'exporter sous ses conditions, la qualité des exportations a donc diminuée, plus de camelote ou de rebus ont été exporté. L'organisme de surveillance (la petite ONG) utilisa ces exemples de mauvaises exportations pour supporter ses idées : les exportations doivent être interdites car n'importe quoi est exporté... La dégradation de la qualité des exportations est pourtant la conséquence de l'absence des exportations californiennes!

En plus des alliances contre le marché gris (part du marché d’un produit qui n’est pas contrôlée par le fabricant), les intérêts de l'obsolescence planifiée des produits, le parti communiste chinois et la culpabilité des blancs, l'organisme de surveillance a un nouvel allié. Ce nouvel allié correspond à l'industrie du broyage créée pour hacher tous les équipements que les ''Geeks'' ne peuvent plus acheter de la Californie. Des millions de dollars ont été investis dans des équipements (broyeurs) qui broient les produits exportables. Ces investisseurs payent l'organisme de surveillance pour étouffer la compétition et être reconnus comme utilisant les ''meilleures technologies disponibles''. Cela est du gâchis : gaspillage de métaux rares, de pièces réutilisables, et non respect de la hiérarchie des 3R (Réduire, Réutiliser, Recycler).

L'exemple le plus hilarant de cette campagne stupide est peut-être l'émission de 60 minutes consacrée à l'exportation des e-déchets en Chine. CBS est à Hong Kong entouré d'écrans d'ordinateur, puis suit leur piste jusqu'à Guiyu, où il n'y a pas un seul écran. Sur le chemin, ils ont passé devant des entreprises de remise en état d'équipements électroniques, j'ai transmis à CBS des films présentant ces entreprises, on ne les voit pas dans ce documentaire! Dans la région de Shenzhen (où les Iphone, Android et Ipad sont fabriqués), ils ont trouvé un bassin d'eau polluée. Rien de tel pour critiquer le recyclage, mais cette pollution ne vient pas des activités du recyclage. Dans un petit garage, un recycleur travaille, il est décrit comme utilisant les meilleures techniques de recyclage selon Scott Pelley : ce qu' il nomme un ''mignon petit atelier''. Cet atelier est tout à fait décent mais ne représente pas les industries de pointe asiatiques.

Dommage, ils n'ont pas compris qu'il n'y avait pas d'écrans d'ordinateurs là-bas, ou que la plupart des rebuts ne viennent pas des Etats-Unis mais de la croissance d'Hong Kong, de Shenzhen ou de Guangzhou. C'est un peu comme visiter un zoo et de ne parler que du caniche d'un visiteur!
Qu'est-ce qui nous arrive? Tout d'abord, les ''Geeks of Color'' sont en train de se moderniser. Ils sont obligés d'acheter de la camelote, à défaut de produit de bonne qualité. Ils recyclent et valorisent cette camelote provenant de recycleur frauduleux. Cela leur permet de gagner de l'argent.

Les Nations Unies, l'EPA, Interpol ont découvert un autre secret : la Chine, la Malaysie, Singapour, l'Indonésie, etc. produisent plus d'E-déchets que nous. La plupart des rebus de Guiyu ne provient pas d'importation. A propos, les travailleurs qui démontent les équipements électroniques gagnent souvent plus qu'un thésard, selon Adam Minter de Shanghai Scrap.

Les américains, cependant, sont en train de broyer des biens durables, ce qui équivaut à un manque à gagner de milliards de dollards, pour protéger les intérêts des producteurs qui sont essentiellement le Japon, Taïwan ou la Corée. La solution la plus respectueuse de l'environnement est la réutilisation avant le broyage. Les émissions de dioxide de carbone pour fabriquer un ordinateur sont plus importantes que celle du reste de sa durée de vie.


Les autres victimes


Après l'environnement, l'Afrique est probablement la plus grande victime. Les pays africains doivent payer plus cher pour les équipements remis en état vu que l'offre est faible. On ne veut pas que ces pays se développent et aient leur propre industrie de remise en état. L'Afrique a donc moins de possibilités de suivre le chemin des ''Geeks'' et des bricoleurs du Japon, de Chine, de Corée, de Taïwan et d'autres tigres asiatiques. L'histoire moderne illustre que ces pays ont gravi les échelons grâce aux ventes de produits d'ocassion, aux réparations puis grâce aux contrats d'assemblage et enfin la fabrication d'équipement.

Ma plus grosse livraison saisie a été à Alexandrie, c'était des Pentium 4, étrangement au même moment où Mubarak essayait de limiter l'accès à internet. Plus tard il a échoué, l'importation d'ordinateurs d'ocassion a aidé les ''Geeks'' à faire tomber le système.

Les groupes s'opossant aux exportations peuvent avoir raison sur une chose... c'est peut-être qu'une histoire d'argent. Les millions de dollars recollectés en publiant des photos d'enfants jouant dans des décharges sauvages avec des résidus servent à entretenir la petite ONG et les entreprises spécialisées dans le broyage. Et nous pensons encore que les personnes colorées sont primitives... Walt Pogo déclarait en 1970, lors du premier ''Earth Day'', ''Nous avons rencontrés l'ennemi, c'est nous''.

Robin I. est le fondateur d'American Retroworks Inc., une entreprise pour le recyclage éthique de l'électronique, le directeur de l'association WR3A (WR3A.org). Son blog est Good Point Ideas, vous trouverez quelques traduction en français sur le blog Recyclage Ethique de l'Electronique.

Thursday, March 1, 2012

La Convention de Bâle - E-déchet > Version courte

La Convention de Bâle :

Liens de la Convention en français et en anglais:


http://www.basel.int/Portals/4/Basel%20Convention/docs/text/BaselConventionText-f.pdf
http://www.basel.int/Portals/4/Basel%20Convention/docs/text/BaselConventionText-e.pdf


La Convention de Bâle traite du contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination. Pour limiter les risques de pollution et d'atteinte à la santé humaine, la Convention interdit l'exportation de déchets dangereux des pays membres de l'OCDE vers les pays qui ne le sont pas (voir Figure 1, pays membres de l'OCDE en hachure). Elle a été adoptée le 22 mars 1989. Les pays à l'avoir ratifiée (soit qui l'appliquent) sont représentés sur la Figure 1 en vert.



Figure 1. Pays membres de l'OCDE et pays ayant ratifés la Convention de Bâle.


Les déchets sont définis comme «déchets dangereux» en raison de leur origine et/ou de leur composition et de leurs caractéristiques.

L'annexe 9 définie les déchets qui sont exclus de la Convention soit qui ne sont pas considérés comme déchets et/ou dangereux. La liste B1110 des assemblages électriques et électroniques est présentée et commentée succinctement :


* Assemblages électroniques constitués uniquement de métaux ou d'alliages. Soit les puces électroniques contenant de l'or peuvent être exportées.

* Déchets et débris d’assemblages électriques et électroniques [1] (y compris les circuits imprimés) ne contenant pas d'éléments tels que les accumulateurs et autres piles mentionnés sur la liste A, les interrupteurs au mercure, les verres de tubes cathodiques, les autres verres activés, et les condensateurs au PCB, ou non contaminés par les constituants figurant à l'annexe I (tels que cadmium, mercure, plomb, polychlorobiphényles, etc.) ou purifiés de ces constituants, au point de ne présenter aucune des caractéristiques figurant à l'annexe III (voir rubrique correspondante de la liste A -A1180)
Soit un circuit imprimé ne contenant pas un des élements cités dans la colonne de gauche peut être exporté dans l'optique d'un recyclage ou d'une réutilisation
.


* Assemblages électriques et électroniques (y compris circuits imprimés, composants et fils électriques) destinés à une réutilisation directe [2] et non au recyclage ou à l'élimination définitive [3]
Soit les écrans des tubes cathodiques peuvent être exportés pour réutilisation
. Un ordinateur peut être exporté pour être mis à jour.

[1] Cette rubrique n’inclut pas les débris provenant de la production des générateurs électriques.

[2] La réutilisation peut inclure la réparation, la remise en état ou l’amélioration, mais pas un réassemblage majeur.
[3] Dans certains pays, ces matières destinées à être réutilisées directement ne sont pas considérées comme des déchets.


Les lacunes de la Convention :

* La Convention de Bâle peut porter à confusion, la différence entre un déchet électronique et un équipement électronique d'ocassion n'est par forcément clair.

* Certains composants sont exportables, ils ne sont pas considérés comme dangereux car leur composition ne l'est pas. Cependant le procédé de récupération peut être nocif. Les puces électroniques contenant de l'or ne sont pas considérées comme dangereuses, cependant recupérer l'or par des bains d'acide est très nocif pour l'environnment et pour la santé du recycleur (et qui de plus ne permet pas de récupérer de façon optimale l’or) UNEP (2009) Recycling - From E-waste to ressources.

* Cet exemple illustre ce qui est dangereux n'est pas réellement le produit ou le matériau mais plutôt la manière dont ce dernier est géré. Il serait approprié que la Convention couvre les procédés.

* Le groupe de pays membre de l'OCDE n'est plus à jour, la Chine, l'Inde la Russie ou le Brésil, par exemple, n'en font pas partis. Ces derniers sont pourtant développés et dotés d'infrastructures de reyclage et de récupération de pointe..



Notes :
- The Basel Convention Ban Amendment, ce que je traduis par l'Amendement pour l'Interdiction, n'est pas encore entré vigueur. Son objectif est d'interdire les mouvements transfrontières de déchets dangereux destinés à la récupération ou au recyclage, des pays membres de l'OCDE vers les pays non membres.


- BAN, Ban Action Network, est une ONG qui veut faire entrer en vigueur le Ban Amendment à ne pas confondre avec la Convention de Bâle!

Si cet article vous a plu, voici un article similaire en anglais.
http://retroworks.blogspot.com/2009/12/basel-convention-next-chapter.html